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19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 11:14
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18 octobre 2007 4 18 /10 /octobre /2007 23:50
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Ha ma fille, comment te décrire ces moments heureux entre tous, quand  arrivaient ces lettres tant attendues ?

Au fil des mois, c’était devenu un rituel, tous les mardis, je recevais une grande enveloppe.

Chaque membre de la famille m’envoyait un mot.

Papa restait toujours très sobre et me rappelait immanquablement les préceptes de notre église.

 

Maman, elle, insistait plus sur le fait que je fasse honneur à notre famille et à ma bonne éducation.

 

Eugène envoyait la lettre du grand frère protecteur, vaguement inquiet de me savoir si loin.

 

Henriette était plus curieuse et me posait des tonnes de questions sur mon séjour. Mes parents lui avait proposé fut un temps de venir en Angleterre mais elle préféra continuer des études scientifiques, ce qui était courageux à l’époque. Mais, elle voulait tout savoir sur Londres, ses rues, ses curiosités, ses musées. Elle adorait la peinture, et avait une admiration sans borne pour les impressionnistes.

 

Charles avait un gout pour la cour d’Angleterre et me demandait si j’en avais aperçu quelques membres. Georges VI me restait inconnu. Les anglais du moins, ceux que je côtoyais en parlaient bien peu. Il régnait d’ailleurs une grande morosité   sur  le pays en cette année 1938.

Charles terminait toujours sa lettre par un retentissant : god save the king , que je croyais entendre en écho de Paris jusqu’à moi.

 

Georgette était plus  futile, elle voulait tout savoir sur les élégantes, les chapeaux, les gants, les bottines, les robes et les fourreaux. Elle adorait que je lui compte en détail mes aventures anglaises et me comptais les siennes. : Ses déboires entre amies, le sourire d’un garçon dans la rue, ces petites histoires qui faisait d’elle une jeune fille en fleur.

Je lui renvoyais de longues lettres lui racontant mes quelques promenades londoniennes.

 

Quand l’enveloppe arrivait, je la blottissais contre  mon cœur tendrement, tel un précieux trésor.

Le mardi était toujours un jour de joie et ces missives familiales me firent oublier un temps mon bel inconnu. Ce jour là, j’appris qu’Eugène s’était fiancé avec Amélie, je la connaissais vaguement. Je gardais d’elle le souvenir d’une jeune femme effacée, voire même un peu triste, en retrait. A l’époque j’avais besoin de bouger, de rire, de vivre. Je ne m’étais donc pas beaucoup intéressé à cette demoiselle un peu trop fade à mon gout.

Papa et maman bénissait une future union. Eugène semblait très heureux. Henriette trouvait Amélie un peu sotte, enfin c’est moi qui le dit, Henriette n’aurait jamais osé.  Charles la trouvait jolie et Georgette s’entendait avec elle à merveille.

 

Je lus et relus ces lettres avec un sourire béat, tant le bonheur transparaissait en filigrane derrière chaque mot.

Je pris ma plume et répondit à chacun, offrant  des nouvelles : religieuses, bien élevées, rassurantes, artistiques, royales ou frivoles selon le destinataire.

Je savais que mes parents n’auraient jamais pris la liberté de lire les lettres adressées à mes frères et sœurs. Pourtant, je ne parlai à personne  de ma rencontre impromptue, de mes élans de cœur, de mon trouble.

Sans trop savoir pourquoi, je désirais que cette histoire n’appartienne qu’à moi.

Elle fut et est encore mon plus joli et terrible secret.


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18 octobre 2007 4 18 /10 /octobre /2007 16:54
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Je me rends compte que mes « souvenirs autour d’une tasse de thé » portent à confusion, d’après vos commentaires ou les réactions de mes proches.

Cette histoire, j’aimerais, je l’écris au conditionnel car ce n’est encore qu’un projet, se voudrait  un futur roman. Je vous livre en fait la toute première mouture, le premier jet sans quasi aucune correction.

Il n’est en rien autobiographique, puisque mon héroïne à 18 ans en 1938 (oops, je vous révèle un scoop, lol !) et aller je ne fais pas la coquette, je n’ai que presque 47 ans.

J’ai écouté et glané, ça et là d’autres souvenirs que les miens tout au long de ma vie et ils reviennent sans doute délicieusement hanter mon récit.

J’ai du mal à répondre à vos commentaires, un petit bug over blog, ou une maladresse de ma part, alors je tiens à  remercier tous mes visiteurs pour vos encouragements si charmants.

N’hésitez pas à me laisser un message afin de me dire ce que vous aimer, ou au contraire ce qui vous semble maladroit.

Je serai ravie de recevoir vos idées.

Merci à tous.

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17 octobre 2007 3 17 /10 /octobre /2007 22:46
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Un soir, je montais dans le train de 17h34, la tête basse, plus préoccupée par ma robe rose pale que par mon entourage. Ces vieux trains étaient terriblement sales et il n’aurait pas été correct qu’une jeune femme bien mise tache stupidement sa robe.

Je progressais dans le wagon au moment où mon regard se leva. J’ai cru que mon cœur allait cesser de battre.

 Il était là, toujours aussi élégant

 

Ce jour là, je fus prise d’une hardiesse hors du commun. Je m’assis en face de lui. Son regard croisa le mien quelques secondes plus tard. Il m’avait reconnue, j’en étais sure.

 Il me salua en ôtant  joliment son chapeau. Ce geste si simple, si anodin, me submergea d’émotions. Il était là devant moi, il me saluait, MOI. J’en avais tant rêvé  chaque nuit. Je n’osais plus y croire.

Son geste  galamment accompli s’accompagna d’un « Good evening, Miss, nice day, isn’it ? ». J’étais si  bouleversée que je ne sus quoi répondre et balbutiai un « bonsoir, délicieux, en effet ».

Et là arriva ce que jamais je n’aurais osé imaginer, il me répondit dans un français parfait, une très légère pointe d’accent anglais trahissant sa nationalité. Son vocabulaire était parfait.

Maitrisant encore assez mal la langue de Shakespeare, je vis là un signe indéniable du destin.

-      Vous êtes française, quelle magnifique langue, j’ai vécu en France quelques temps, à Paris, mais peut être êtes vous parisienne ?

-      J’habite au sud de la ville

-      Vous êtes vouée au sud !  lança-t-il avec le plus charmant des sourires.

Je ne sus quoi répondre tant mon trouble était certain. S’il en eut conscience, il le cacha fort gentiment.

-      Mais, Je manque à tous mes devoirs, je ne me suis pas présenté :  Darrold Tennant

 A qui ai-je l’honneur ? me dit-il avec un sourire merveilleux

-      Eglantine Delmotte, lui répondit je

Il continua à bavarder de tout, de rien, de ses souvenirs parisiens, trahissant d’évidence un amour immodéré pour cette ville.

Je buvais chaque parole, muette, mais émerveillée par  cet homme me faisant  la conversation en français, sur cette ville, eldorado de mon enfance.

Il me raconta les jours de beau temps, où Paris offrait un ciel d’un bleu intense, ce bleu que l’on retrouve en montagne et qui contraste si bien avec la blancheur de la neige.

Il m’offrit son enthousiasme devant les bouquinistes des bords de Seine. Il me raconta le soleil tombant qui donne à la ville cette lumière ultime, laissant apparaitre les contours de chaque monument en un relief unique.

C’était  merveilleux, il me racontait ma ville mille fois mieux que je n’aurais su la décrire, mais avec une sensibilité si proche de la mienne que mon trouble n’en était que plus palpable.

Ma station arriva, je saluais promptement mon compagnon de voyage et m’enfuyais presque.

Je sortis du train essoufflée, rouge pivoine d’être restée coite et stupide devant cet homme  qui envahit mes pensées dès que mon regard l’eut croisé.

Je dormis très mal cette nuit là, mes rêves étaient étranges, je le rencontrais à nouveau, mais il ne me regardait  pas, ne m’adressait pas un mot, je me réveillais en sursaut, fiévreuse.

Au matin, je me sentais mal.  Les sœurs me voyant en piteux état, exigèrent que je reste au couvent.

Quelle terrible punition ! Je ne le reverrai pas.

 

Quelques heures passèrent, ma fièvre semblait tenace. Il arriva une lettre de France, elle apaisa sa tristesse.

 

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16 octobre 2007 2 16 /10 /octobre /2007 13:03
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Ma pauvre chérie, je m’égare. Tu sais, à mon âge, les souvenirs n’ont plus  guère d’ordre et parfois ils reviennent pèle mêle sans crier gare.

 

Le temps passa sans que je revisse mon bel inconnu, mon séjour britannique me paraissait  bien long.

Oh, je ne m’ennuyais pas au couvent. Les sœurs n’ayant pas toujours le temps de jouer avec les enfants. Je remplissais ce rôle avec le plus grand plaisir.

Bien que protestante, je me familiarisais très vite aux mœurs catholiques.

Le couvent dépendait d’un ordre français, les sœurs ayant pour la plus part, voyagé un peu partout dans le monde.

Mère Thérèse était une petite femme fluette, qui devait avoisiner les soixante cinq ans. Elle menait sa communauté avec  un mélange de fermeté et de bonne humeur.

Les sœurs étaient toutes proches de leurs petits pensionnaires, une quarantaine environ. Je garderais un souvenir ému de mon séjour dans ce couvent car il y régnait paix et joie.

Bien sur, ce n’était pas toujours idyllique, les enfants, tous abandonnés, avaient parfois beaucoup de  mal à s’adapter à une discipline souvent  sévère.

Mais sœur Marie, une des plus âgées, n’avait pas son pareil pour faire sourire les enfants. Elle devait avoir un don, aucun n’y résistait.

Les conditions de vie n’étaient pas celles de maintenant, nous nous lavions à l’eau froide. L’emploi du temps était sans flexibilité aucune, immuable rituel des jours qui passaient.

Le dimanche, mère Thérèse nous laissait un peu plus de liberté. Nous pouvions jouer. J’adorais m’occuper des petits, un rappel de ma vie de famille, j’imagine.

J’étais proche de Matthew, Eileen, Avery et Betsy, mais partageait mon temps également avec tous les autres. Ma mémoire me fait défaut aujourd’hui, leurs noms m’échappent. Tout cela est si loin.  

Tu sais, ma fille, je crois, que ce séjour fut pour moi une belle leçon  de vie.

Depuis mon arrivée à Londres, mon emploi du temps était minutieusement surveillé par la mère.

Je devais me plier aux règles et aux horaires.

Le matin, nous nous levions à six heures, petit déjeuner accompagnés de prière vers six heures trente, douche à sept heures et quart.

Les enfants recevaient un enseignement sur place, sœur Marie Nathanaëlle, une femme solide, ayant passé plusieurs années en Afrique tenait la classe d’une main de fer. Les sœurs se faisaient un point d’honneur d’éduquer « leurs » enfants, selon leur expression, avec le plus grand soin.

 

Quant à moi, je quittais Beddington à huit heures moins le quart, me rendais à la gare par un petit sentier de campagne pour prendre le train de huit heures douze.

La suite de ma journée était rythmée par les cours et mon retour en train. Les sœurs me donnaient un panier afin que je déjeune dans l’enceinte de l’école.

Immanquablement, je prenais le train de dix sept heures trente quatre et rentrais au couvent.

La soirée se déroulait simplement, devoirs, repas à 19h, les habitudes restaient françaises, prières, un instant de détente, 20h30 coucher.

Je dormais dans un grand dortoir, seule, au milieu de dizaines de lits vides. Il y avait un grand poêle dans la pièce, mais il n’était jamais allumé.

Les sœurs étaient vieillissantes et elles ne pouvaient plus accueillir un grand nombre d’enfant.

Sœur  Adelaïde était l’intendante de ce petit monde, elle faisait souvent des miracles avec le petit budget de la communauté.

 

Le temps passa, deux semaines environ …

 

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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 10:35
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Fenêtre aux rideaux vichy




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Une ancienne gare, à Estouches dans l’Essonne

 



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Brocante du dimanche à Méréville

 

 

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Tiens, une baigneuse !!

 




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J’aime celle là, elle résume une ambiance.

 

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Fenêtre  à la vigne vierge

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Fontaine  à Méréville


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Le chat veille


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Un reflet




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  Le lavoir à Méréville

 


 

 


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Sur un muret


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L’eau coule

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Mon premier papillon (le roi n’est pas mon cousin ! 

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12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 18:26
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Ma mère était une femme autoritaire mais juste. Elle nous a élevé selon les principes de l’époque et jamais je n’aurais pu y déroger. C’aurait été lui faire tant de peine.

Nous ne parlions pas à table sans en avoir la permission. Nous allions tous les dimanches au temple en protestants fidèles à leur religion.

Mon père avait failli être pasteur, mais la vie en décida autrement. Son frère ainé s’avérant incapable de reprendre l’affaire familiale, Papa dut se soumettre à la volonté de son père et cesser ses études liturgiques afin de prendre la succession  de l’usine. Devoir la céder à un étranger eut tué mon grand père. Cette usine fut la grande œuvre de sa vie.

J’ai eu 2 frères et deux sœurs : tu as connu les plus jeunes Henriette, Charles et Georgette.

Eugène eut un triste destin, je te le raconterai un jour, ma petite.

 

Eugène était bien plus âgé que nous, mais nous trois nous formions un groupe inséparable. Je ne mentais pas en écrivant que mes frères et sœurs me manquait affreusement.

 

J’aurais aimé  raconter avec fougue mes aventures de train,  aux filles. 

Nous aurions tenu un conseil de guerre secret au pied du lit de Georgette la plus jeune et nous aurions rêvé en cœur de ce bel inconnu. Je  leur aurais décrit en détail, ses guêtres si blanches sur des souliers brillants, son costume élégant d’un gris très sombre, son gilet écossais où pendait une chainette reliant sa montre à une petite poche brodée. Je leur aurais raconté ces quelques mots prononcés déjà si chers à mon cœur.  Nous aurions partagé ce beau secret, en étouffant nos rires pour ne pas être entendu du  reste de la famille.

 

J’ai eu une enfance heureuse, ma fille, mes parents s’ils étaient très stricts et s’ils exigeaient de nous rigueur et travail dans nos études et bonne éducation en société, nous laissaient libres de jouer, de rire, de crier lors de longues parties de cache-cache dans notre grande maison.

Nous entrainions  souvent Charles dans nos jeux de petites filles, allant jusqu’à l’affubler d’un robe. Nous prenions déjà le thé en ces temps lointains, cérémonie d’enfants dans un service en porcelaine que nous avions reçu à noël. Une merveille que nos parents avaient dénichée au nain bleu, à Paris.

Ha le nain bleu, Paris, autant de magnifiques souvenirs de mon enfance.

Nous nous y rendions le jeudi avec maman. Nous mettions de beaux habits. Maman était fière que les passants lui fassent compliment de temps en temps sur ses enfants si polis.

Ces jours là, nous étions sages comme des images.  Eugène ouvrait fièrement la marche et nous quatre nous suivions, excités et heureux d’aller dans ce temple du jouet.

Chaque objet jetait dans nos regards émerveillés des milliers d’étoiles.

Nous nous postions au milieu du magasin et n’osions plus bouger. Nos yeux éblouit passaient d’un jouet à l’autre et si cruellement il nous avait fallu faire un choix, nous aurions été désespérés tant cette boutique recélait de trésors.

Maman le plus souvent ne nous achetait rien. Mais, qu’importe le plaisir d’avoir pu un instants contempler ces jouets suffisait à nous combler.

Nous marchions jusqu’à la Samaritaine. Maman avant que nous entrions prenait toujours un air grave : «  mes enfants, disait elle, j’ai quelques emplettes à faire, vous me suivez sages, je ne veux pas que l’un d’entre vous s’attarde, est ce bien compris ? ». Nous répondions « oui », tous en cœur, heureux de pouvoir visiter cette caverne d’Ali baba. Notre plus grand plaisir était de faire craquer sous nos pas le vieux parquet du sous sol.  Parfois, nous sautillions, en espérant ne pas être vus, juste pour savoir quel bruit nous allions provoquer.

Qu’elles étaient délicieuses ces journées parisiens. Le soir nous prenions le métropolitain pour rentrer sagement à la maison, fourbus et heureux.



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10 octobre 2007 3 10 /10 /octobre /2007 15:34
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Ce voyage fut peut être le plus doux de tous ces mois londoniens. 
Je  contemplais cet homme sans en avoir l’air. Il était grand, bien bâti, disait on, en ce temps là. 
J’eus du mal à rencontrer fortuitement son regard, puisqu’il aurait été  inconcevable d’une fille de mon âge, j’avais alors environ 18 ans, puisse regarder un homme ouvertement. Je l’aperçus cependant, ses yeux étaient marine, d’un bleu profond. 
Il avait le front haut, des pommettes saillantes, une chevelure brune un peu bouclée et sans doute étonnamment longue pour l’époque.

Comment te décrire son allure, ma fille ? Un coté dandy sans doute, mais avec une touche laissant présagé un grand romantisme, un petit coté artiste peut être. 
C’était un bel homme, mais pas une de ces beautés fades, esthétiques, non quelque chose de magnétique semblait provenir de lui. Aujourd’hui, je  parlerais de charisme.

A l’époque, j’étais encore trop jeune pour comprendre que c’est ce charisme qui allumerait la plus  forte et merveilleuse passion de ma vie.

 

Je descendis du train à Beddington. Mon esprit chamboulé, mon imagination enflammée.

La soirée fut rêveuse.

Le lendemain, je me rendis à l’école bien plus préoccupée par cette rencontre impossible que par mes leçons d’anglais.


Le soir, 17h34, il ne vint pas. Je fus si triste et s’il n’avait été qu’une furtive apparition dans ma vie ?  Un mirage d’un soir dans un train qui prenait des allures de fantôme ?

Tu sais bien, toi ma petite fille, qu’à ton âge, on a l’esprit fantasque. Sa disparition dura quelques jours et pris pour moi des allures de fin du monde.

Je me trainais l’esprit empli de ce visage que j’avais entrevu si doux, si adorable le temps d’un voyage.

Les jours se suivirent  mornes et tristes. Mon attitude  alarma les sœurs qui joignirent mes parents.

Je reçus une lettre  de ma mère. Elle se sentait bien loin de moi et ne comprenait pas que sa petite fille, si enjouée et souriante puisse soudain se morfondre seule dans un dortoir vide durant des heures. Elle était inquiète.

Je lui répondis, lui expliquant que la France et ma famille, bien sur, me manquait. Je la rassurais aussi bien que je pus. Il m’aurait été impossible de lui avouer que mon cœur battait pour la première fois et pour un inconnu croisé dans un train.

Ce n’était pas dans les usages.


Photo. du train de 17h12

Ontario




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9 octobre 2007 2 09 /10 /octobre /2007 19:23

Aujourd’hui prend vie une histoire, l’histoire d’une vieille dame qui m’a été inspirée par une nouvelle publiée par Katara.

Vous pourrez la lire

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Il  y longtemps, très longtemps, ta mère n’était pas encore née ma fille.

J’étais en Angleterre. Mes parents, plutôt précurseurs à l’époque, m’avaient confié aux bons soins d’un couvent au sud de Londres. Les sœurs s’occupaient d’enfants abandonnés. J’étais la seule étrangère et la plus âgée.

Dans la semaine, je prenais des cours d’anglais à Londres. Je prenais un train, un ravissant train à vapeur qui serpentait d’un petit village à un autre pour nous ramener vers la ville. Nous sortions couverts des petits filaments noirs contenus dans la fumée. Il fallait presque s’ébrouer pour se débarrasser de ces indélicatesses sur nos robes claires.

Mais, rien ne serait venu troubler cet instant magique entre tous où sortant de la gare, je regardais les femmes  élégantes, ces messieurs aux chapeaux noirs et cannes à pommeaux parfois troquées par des parapluies. A cet instant, j’étais libre, libre de marcher dans les rues, libre de jouer à l’élégante le temps de me rendre à l’école.

Je me redressais, le buste droit et fier, la tête haute, la démarche fluide. J’aurais pu être en représentation : le trottoir eut été la scène, la foule mon public. Je rêvais à chaque pas d’un beau monsieur qui  très galamment ramasserait le mouchoir chu par inadvertance.

Le temps de traverser ces quelques rues chaque matin et chaque soir était devenu en quelques mois, une friandise douce au gout frôlant l’interdit

Tu sais, ma fille, mes parents ne l’ont jamais su.

Les mois passèrent au rythme enchanteur des ces promenades. Au fil du temps, je m’enhardie et trouvai des chemins plus longs, plus aventureux pour me rendre aux cours.

Je prenais chaque matin et chaque soir le même train, 8h12 et 17.34 invariablement.

Un  vendredi  soir alors qu’un long sifflet retentissait dans la gare Victoria, un homme bondit dans le wagon tandis que le train s’ébrouait déjà.  Le souffle court, le costume défait, le chapeau de travers, il conservait cependant ce port altier qu’ont naturellement les sujets britanniques.

Tu sais, ma fille, tu es la première à qui je raconte cette histoire, j’ignore pourquoi, mais  aujourd’hui j’ai envie de te la narrer dans les détails.

Dès qu’il s’est retourné vers moi, je fus éblouie par sa prestance. Je ne voyais plus que lui dans ce wagon pourtant rempli. Un tunnel, le noir, je fermai les yeux, les rouvrit, il n’était plus là, mon cœur bondit dans ma poitrine. Où était-il ?

Je me retournai prestement, il était là, grand, occupant l’espace. Il s’était rajusté.

Je descendis  avant lui, pourtant j’eus tout loisir de l’admirer lors du trajet, avec toute la discrétion d’une jeune fille bien élevée.

Toute la soirée les sœurs me trouvèrent étourdie, le regard dans le vide. Elles étaient loin de se douter, ces saintes femmes, qu’un homme, il y a quelques heures avait enflammé mon cœur de jeune fille.

Le week-end fut incroyablement long, je jouais avec les autres enfants mais sans mon allant habituel.

Toutes mes pensées allaient vers  cet inconnu croisé dans un train au sud de Londres.

La journée de lundi s’allongea jusqu’à paraitre interminable.

A 17.32, mon cœur battait la chamade, il n’était toujours pas là. Je dus réprimander un discret coup d’œil sur le quai, c’eut été inconvenant.  Puis soudain surgit de nulle part, deux mains s’accrochèrent à la porte du wagon, mon cœur battait cette fois à tout rompre : c’était lui. Sans le vouloir, je dus le regarder avec insistance car il m’adressa un charment sourire, et en soulevant drôlement son chapeau me dit : «  It was fair time », oh que oui : « il était temps … »

Ce furent les premiers mots d’un très grand amour ……..

 


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8 octobre 2007 1 08 /10 /octobre /2007 01:16
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Voilà quelques images en vrac de ma première visite au cimetière du père Lachaise.

Il était un peu tard dans l’après midi, l’ombre jouait avec la lumière.

Quelques vitraux attirèrent mon gros œil numérique ……..

Je vous les livre ……

 

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Un Peu De Moi

  • : dépressive utopiste: isabelle
  • : une dépressive redécouvrant le monde semaine après semaine ...Une humaniste qui revit. écrire pour vivre, vivre pour écrire .
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  • isabelle Cassou
  • une depressive idéaliste qui veut croire en l'humain, qui n'acceptera jamais la communication à travers la violence, la guerre. j'ai la chance de vivre dans un pays où je suis libre de dire , d'écrire, le faire est un droit mais surtout un devoir
  • une depressive idéaliste qui veut croire en l'humain, qui n'acceptera jamais la communication à travers la violence, la guerre. j'ai la chance de vivre dans un pays où je suis libre de dire , d'écrire, le faire est un droit mais surtout un devoir

 

 

 

 

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Chatouillis méningés

 

 

 

 

 

  Je ne peux pas dire

qui je serai demain.

Chaque jour est neuf

et chaque jour je renais.
Paul Auster

Les Vintages

En Musique ...

je grandis