Il y a quelques jours, je n’allais pas très bien, après avoir déballé mes interrogations personnelles à mon médecin de famille puis à la psychologue, je suis arrivée chez mon psychiatre n’ayant plus l’envie d’être le centre de mes pensées. Et la visite s’est transformée en ces grandes tirades humanistes qui me tiennent tant à cœur. Mon géniteur étant un homme politique, il est possible qu’il m’ait transmis le gène des discours fumants.
Toujours est il que je suis partie vers ce que j’appelle mes fondamentaux : la folie du pouvoir, la violence de ce monde, l’état déplorable de notre planète, l’urgence à désarmer, et tutti quanti. A la fin de ma tirade, ce n’est pas le psy qui m’a répondu mais l’homme : « le loup mangera toujours l’agneau, je suis quant à moi fataliste ».
Cette phrase m’a beaucoup interrogée. En premier lieu, peut-on ou doit-on comparer l’homme au loup ? Nous nous gargarisons sans cesse d’être pensants, ce n’est certes pas un psychiatre qui pourra me contredire. Après avoir prouvé que nous maitrisons de mieux en mieux la science, la réflexion, la philosophie, les sentiments, après avoir démontré que seule notre qualité d’humain pouvait nous ouvrir le chemin, nous devrions faire le constat d’être les esclaves de nos bas instincts, ceux là même qui nous différencient de l’animal ? Cette évolution que nos savants revendiquent ne serait qu’illusoire ? Peu importe le progrès, il nous manque la sagesse ?
Je ne suis pas persuadée que le commun des mortels soit un arriviste en herbe, je ne suis pas certaine que la majorité des hommes ait ce besoin de manger l’autre. Une minorité est atteinte de ce mal, malheureusement, me direz vous, elle est au pouvoir et le plus souvent corrompue. Nous sommes des millions a ne plus vouloir être bernés, entrainés dans des conflits qui ne sont pas les nôtres. Si les « grands » veulent se battre, qu’ils se battent entre eux.
La fatalité fait naitre des Hitler, j’en passe et des pires, mais c’est notre fatalisme qui les mettent au pouvoir.
En deuxième lieu, si nous sommes fatalistes, tout espoir est vain, nous ne devons ou pouvons plus croire en rien. Nous acceptons bon gré, mal gré, toutes les horreurs que tel ou tel personnage préconise. Nous laissons libre champ à tout despote qu’il soit élu démocratiquement ou non. Etre fataliste, c’est donner carte blanche, c’est autoriser tacitement l’inacceptable. C’est n’avoir plus de conviction, d’idées à offrir, de but à atteindre.
Quant à moi, je l’écris haut et fort, le jour où je n’aurais plus de conviction, je serai morte.
A quoi bon vivre si tout n’est que fatalité ?