Ces prochains jours, je publierai ce que j’ai écrit à la clinique, mais je veux me laisser encore un peu de recul pour des raisons familiales, afin de ne froisser personne autant que faire se peut. Et sans doute aussi parce que ce j’ai vécu fut très intense et je dois faire retomber cette sorte de frénésie de pensée qui épuise et qu’il serait dangereux de laisser perdurer au-delà du raisonnable.
Je vous raconterai cette enquête dans mon passé, cette quête de mon passé qui est nécessaire pour reconstruire ma vie d’aujourd’hui et espérer pacifier ma vie de demain.
A la suite de cette semaine mouvementée, pour la première fois depuis quatre ans, j’ai émis le souhait de réaliser des projets d’avenir, des vrais, des impliquants.
Je suis certes malade. Mais j’ai la chance d’être financièrement à l’abri et d’avoir ce luxe de disposer de mon temps sur du moyen voir long terme.
Hier, j’ai vu passé un bus où était placardée une affiche pour l’expo de Yann Arthus Bertrand, au grand palais. Et je me suis dit qu’habitant près de paris, une des villes les plus belles et culturelles de cette planète, un projet simple et personnel peut être simplement de profiter de cette richesse pour me nourrir de ce que l’homme a fait de mieux, de ce qui est beau, émouvant, l’Art.
J’ai à ma portée des tonnes d’expos et je ne trouve pas le temps de m’y rendre. L’art est pour moi source d’émotions, celles de rentrer d’une certaine manière dans un autre univers, le support devient visuel et l’affaire se joue entre les yeux, le cerveau et le cœur.
Je suis à un passage de ma vie où je peux choisir son orientation avec une liberté dont peu de gens dispose, j’écoute ce que me disent mes proches et j’ai moi aussi quelques idées.
Dans cette société, il n’est pas de bon ton de paraitre oisif et laisser le temps couler semble être pris par tous comme une source d’ennui.
Je ne m’ennuie que très rarement et sans doute bien moins que quand je travaillais et faisais le pied de grue rongée par l’angoisse d’attendre le client.
J’ai des amis délicieux, attentionnés avec qui je passe un temps où tout n’est que bonheur.
J’ai bossé comme une malade durant 25 ans, le pire fut sept jours sur sept, de quatre heures du matin jusqu’à vingt trois heures, alors que j’étais jeune adulte, menant de front Rungis et l’infirmerie.
A part le confort immédiat de ne pas connaitre l’angoisse car je laissais cela aux personnes en ayant le temps, à part le confort de ne pas se poser de questions parce que bien trop la tête dans le guidon, j’en ai tiré quoi ?
La peur du temps libre au quotidien qui m’a conduite tout droit a une dépression bien cognée.
J’avais un coucou suisse dans la tête et étais obsédée par le souci de devoir être à l’heure.
Aujourd’hui, il est clair que ce travail sur moi-même est ma priorité, cette thérapie est ma planche de salut, j’entends la continuer avec le même esprit soit sans concession, avec cette spontanéité qui me caractérise.
En parallèle, j’ai mes mots, ceux qu’un jour, je sortirai d’ici afin de leur offrir une autre vie, celle faite d’encre et de papier.
C’est un projet vers lequel mes proches me poussent et qui je l’avoue me fait un peu peur, peur de l’échec, peur du jugement de l’autre, peur de leur manque de valeur.
J’ai déjà franchi un pas lorsque j’ai décidé de sortir ce lieu de l’anonymat en y associant mon nom.
Voilà, aujourd’hui, à neuf heures, alors que ma nuit fut courte et encore peu ensommeillée, j’écris devant ma fenêtre, je vois à l’horizon de la ville, le soleil se lever et j’ai l’envie que de ce manque de respect à ma vie, sorte quelque chose d’important, une renaissance …
Wissous, le 16 janvier 2009, au son du tic tac rassurant d’une horloge