27 mai 2009
3
27
/05
/mai
/2009
20:25
Je viens de subir l’ablation de la vésicule biliaire qui avait la mauvaise idée d’être pavée de cailloux.
Etant une ancienne infirmière de l’ AP HP (dans le texte: assistance publique, hôpitaux de paris), étant également assez rebelle de nature et peu incline à me référer aux modes du moment et après avoir ruiné ma mutuelle en dépassements d’honoraires faramineux autant qu’assez mal justifiés,; j’ai pris la décision de confier mon organe malade et non moins mourant aux bons soins de la médecine publique.
Et grand bien m’a pris !!!!
Je veux, ici, vanter les mérites d’un hôpital universitaire de banlieue où règne une organisation impeccable, où le personnel est compétent, accueillant, souriant, aimable.
Je suis rentrée le matin, ressortie le soir , fine opérée pour la modique somme d’environ 1200 euros, tout compris, n’ayant pas dépenser l’ombre d’un centime en coûteux dépassements d’honoraires prétextés par:
« les temps sont durs, ma pov’ dame, 10 ans d’études, faut bien que ça rapporte un peu, et puis les mutuelles payent rubis sur l’ongle ....point un kopeck ne sortira de votre bourse.»
A votre bon coeur, vous disent ils , une pièce pour l’anesthésiste, un billet pour le chirurgien, une obole pour la chambre particulière, le téléphone, la télévision vite amortie, le personnel de bloc qui ne travaille pas pour des prunes, à qui l’on fait faire tant d’heures sup qu’il faut embaucher des intérimaires et les faux frais divers que je vous passe histoire de ne pas vous lasser à la vue de la longue litanie dûment facturée ....
« c’est la mort de la médecine privée, ma pov dame, nous sommes ruinés, excusez moi, j’ai mon avocat sur l’autre ligne, bon alors, Charles Edouard, pour la défiscalisation de la mercedes, tu disais ? ... »
D’aucuns me diront que j’ironise, je vous jure que non, c’est du vécu, du vrai , du solide !!!!
Alors, je l’ai décidé, ma vésicule sera publique ou ne sera pas !!!!
Elle a bel et bien sonné le glas dans la fosse commune d’une poubelle d’hôpital universitaire et d’état.
Le chirurgien fut celui qui était prévu et que j’ai choisi, l’anesthésiste m’a gratifié d’un sourire gratuit, la chambre était d’une propreté sans faille, le personnel ne parlait pas des conditions de travail déplorables à l’orée du bloc (là, encore, vécu en privé) , le but de la manoeuvre ne fut pas de m’obliger à rester quatre nuits là où une aurait suffi, hé non, que nenni , pas l’ombre d’une nuit !!!!
L’infirmière poussa le bouchon jusqu’à exiger la présence d’un proche à mes côtés, chez moi, pour la première nuit, par sécurité, le tout gratuitement, avec le sourire et un professionnalisme sans faille.
Et pour le modique somme sus mentionnée, j’ai même reçu un coup de fil d’une charmante personne le lendemain matin, afin que je l’informe de ma nuit, de mes douleurs soulagées ou non par le traitement prescrit et
de l’estimation de la prestation offerte à l’honorable contribuable malade que je fus l’espace de quelques heures.
Alors, quand j’entends que dans ce pays, il existe de plus en plus une médecine de riches et une médecine de pauvres, je m’insurge en grande partie, il existe des praticiens de très grande qualité dans nos hôpitaux publics et il serait bon de ne pas l’oublier, et surtout de leur conserver notre confiance, l’argent ne résout pas tout en la matière dans ce pays et c’est heureux, car nos centres universitaires restent peuplés de belles compétences qu’il serait bon de cultiver.
Après dix ans passés dans les hôpitaux, il y a environ 20 ans, après avoir constaté des abus effrayants qui consistaient à remplir les lits à des fins budgétaires, je suis heureuse de constater que le service public s’est enfin pris en main et a maintenant une manière saine, adulte et responsable de gérer des biens, somme toute, communautaires.
Pour info, je vais bien, vive la coelioscopie !
Nous pouvons, nous aussi, en adultes et contribuables responsables bénéficier des bons soins pris en charge par nos hôpitaux publiques, et ne plus jouer le jeu des dépassements d’honoraires en tous genres qui ne nous donnent pas accès à une prestation supérieure, mais vont , à terme, peser très lourdement sur les dépenses mutualistes. Un jour ou l’autre, nous en paierons la note et elle sera salée.