Il est presque 19 heures et le soleil se couche sur une journée pluvieuse de fin d’hiver.
J’écris, j’écris à nouveau, après des jours où, désœuvrée, les mots semblaient m’avoir quittée. Je tape bien moins vite que mon cerveau ne les dicte. Je tape alors que, contre toute attente, les oiseaux me font l’aubade.
Quelle est belle la symphonie de cette nature qui contre vents et marées avance sans cesse.
Rien n’est immuable, rien n’est figé. La nature chante ce soir, à la tombée d’un jour triste et maussade.
Quelqu’un m’écrit que le soleil se cache dans mon cœur et en écoutant cette musique sacrée entre toute, je le sens se réchauffer.
Depuis quelques jours, j’ai perdu le cap, j’ai perdu un peu de ma foi, j’ai perdu mon soleil.
Etrange journée commençant par le doute, je n’étais plus sure de rien, de mon amour, de ma route, de mon devoir, de mes obligations, de mes envies, de mes besoins.
Désagréable dérapage où je m’enfonce dans le désœuvrement, le vide, l’inutilité.
Je hais ces passages qui depuis presque 4 ans, me font vivre des retours en arrière, des angoisses, une anxiété qui remet tout en cause
J’ai appris depuis ma déprime que rien n’est jamais sur ou acquis dans la vie, mais je sais aussi que l’on ne peut survivre à un doute perpétuel.
Aujourd’hui, tout au long de la journée, la vie s’est amusée à me remettre sur le chemin.
Rien ne s’est fait dans la facilité et pourtant, j’ai vécu des évidences.
J’aime et je suis aimée et j’ai en cela une merveilleuse fortune.
Je vis par chance ou malchance hors de ce temps, hors de cette compétition sauvage qui agite le monde tout autour de moi.
Je vis dans un monde où les hommes tuent et torturent au nom de Dieu, où l’homme n’est libre que s’il se tait, où il ne fait pas bon être pauvre, black, homo, femme ou que sais je.
Je vis dans un monde où les présidents traitent leurs administrés de connard, où d’autres les tuent sans autre forme de procès.
Je vis dans un monde qui se meurt, qui agonise de par cet homme englué dans des guerres de pouvoir et qui se croit bien plus invincible que la nature elle-même qui en a enfanté il y a bien longtemps.
Que faut il faire pour survivre se voiler la face et faire semblant ? Faire la révolution ? Hurler ses convictions qui semblent relever du bon sens ? Oublier comme dans la chanson ? Oublier le temps, le temps perdu des malentendus ?
Je n’invente rien, ce que j’écris des milliers d’autres l’ont écrit, ce que je pense des millions d’autres le pensent et pourtant je ne l’entends pas, les journaux n’en font pas gorge chaude, la télévision ne nous en abreuve pas.
J’ai peur de ce monde fou où tout semble vain. Et pourtant, j’y vis, j’y vis chaque seconde de ma vie, une vie que je veux intense vraie, honnête, authentique.
Je fuis en mon intérieur ce chaos extérieur, je cherche à atteindre une reposante sérénité, une égoïste sérénité.