Durant un long moment, j’ai pu me complaire à vivre en quasi vase clos en mon seul univers, pensant, écrivant, vivant avec mes ressentis, mes émotions. Pour un peu sans même m’en rendre compte je me serais prise pour le nombril de mon propre monde, enfermée dans l’analyse, la découverte de moi même.
J’écris ces mots, car ce soir, je me suis surprise à vouloir volontairement refouler les souvenirs, juste parce que je les trouvais trop pesants.
J’éprouve cette même impression que l’autre matin où soudain mes mots sont venus à la rescousse pour chasser un rêve.
Je m’offre enfin au bout de quatre ans, le luxe de pouvoir refouler volontairement des pensées qui ne sont pas bienvenues dans ma vie.
J’arrive enfin à trouver des forces pour chasser d’une main ferme des pensées nocives.
Oh, tout cela est encore bien fragile, je suis encore, après 4 ans de bons et loyaux services de la déprime, une bien piètre chasseuse de pensées douloureuses.
Pourtant au creux de cette nuit, je me surprends à me sentir plus forte, plus aguerrie et en même temps convaincue que rien n’est acquis. J’en ai déjà fait l’expérience.
Cette maladie est étonnante, j’ai toujours cette impression prégnante de parcourir un chemin initiatique jonché de prises de conscience qui prennent vie au gré de l’expérience acquise, sorte de balises qui ne se franchissent qu’à un moment précis.
J’avais écrit au début de ma dépression qu’une tempête avait détruit le beau château de cartes qu’était ma vie.
Depuis, j’ai reconstruit pas à pas ma demeure et j’ai appris à deviner à quel moment je posais les cartes « porteuses ».
Depuis, un moment, je grandis à nouveau. Comment l’expliquer ? J’ai moi-même tellement de mal à l’identifier, voire le comprendre.
Je ne sais ni les tenant, ni les aboutissant, les pourquoi et les comment, mais pourtant, je pressens puis je sais que je fais un grand pas en avant.
Depuis quelques temps, j’ai repris gout aux univers des autres en lisant, et même dévorant des romans avec boulimie, entrant à chaque page dans des histoires qui n’étaient pas les miennes et en éprouvant un délicieux dépaysement que j’avais oublié.
Et je n’ai eu ni le loisir ni l’envie de solliciter mes mots, savourant le merveilleux vertige des mots des autres.
J’ai satisfait à mon envie de belles choses, bien écrites, captivantes, aventureuses, nébuleuses, mystérieuses, magiques, féeriques.
J’ai retrouvé le chemin des autres à travers leurs mots écrits.
Ce feuillet est un parmi des dizaines d’autres qui ont parcouru mes jours et mes nuits depuis un jour de profonde détresse.
Je le partage, ce soir, sur ce blog, parce qu’il est, malgré son manque de clarté, d’objectivité, de science, de vérités toutes faites, d’explications nettes et carrées, une fabuleuse bouffée d’air pur, un message plein d’optimiste, un pas vers la lumière.
Ce soir, derrière mon clavier et mon écran, seule dans la nuit, je me déclare, sans doute pas guérie, mais sereine, calme, acceptant de chasser ce qui, pour l’instant, ne sera pas réglé, acceptant qu’à une question ne corresponde pas toujours une réponse, acceptant de ne pas être maitre de ce qui m’est extérieur.
Voilà, en quelques mots, mes états d’âme de ce soir. En les lisant, vous savez pourquoi je me suis fait peu présente ces derniers temps.
Ici, c’est mon petit chez moi, j’y viens uniquement, par plaisir et sans contrainte, parce que j’ai le désir profond d’y coucher mes mots et de les partager, sans gloriole, ni prétention, juste pour vous offrir un p’tit bout de vie.