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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 22:17

Fin octobre 2004, après une lente et inexorable descente en enfer, mon horizon s’est soudain résumé à la noirceur, J’ai maladroitement appelé à l’aide, mais lorsqu’on est seule et habituée à tout porter, les autres ne comprennent pas. J’avais  vu un médecin, un mois plus tôt. Je prenais un traitement sous dosé qui s’avéra inutile. Un samedi soir,  tout me sembla insupportable à gérer. J’ai tranquillement déballé 2 boites d’anxiolytiques et  formé un gros tas de pilules bleues sur ma table. Je suis allée sur le net, j’ai croisé  une connaissance médecin  qui m’a calmée, qui m’a parlée d’un cocktail tout prêt qu’il gardait chez lui depuis longtemps. L’idée même que l’on puisse garder « la mort » bien rangée dans une armoire à portée de main m’a terriblement effrayée. J'ai rangé les pilules bleues à l'abri de ma noirceur, dans une boîte.  J’ai pleuré, beaucoup pleuré, commandé une pizza que j’ai à peine touchée, et ai pu dormir quelques heures. Le lendemain, j’étais à bout de force, épuisée, harcelée par une mélancolie dominante, envahissante. Mon ciel était noir, pas une parcelle de bleu aussi loin que le regard puisse porter. A la mi journée, J’étais couchée, l'esprit totalement envahi par la noirceur, la mélancolie.  Alors, soudain les pilules bleus sont revenues en mémoire.  Je me suis levée, j’ai pris la boite, sans réfléchir, j’ai mis les comprimés dans ma bouche et les ai avalés vite, incapable de raison. Je suis retournée dans mon lit. De suite, mon cœur a battu la chamade, très vite, trop vite, mon Dieu, qu’avais je fais ? Une lueur de conscience a envahi mon cœur, mon esprit, mon âme. Alors tout est allé vite, j’ai appelé ma meilleure amie pour lui dire. Elle a appelé les pompiers sans que je le sache. Je n’avais eu que son répondeur. Quand j’ai entendu le pimpon , j’ai su que ce jour là, c’est la vie qui allait triompher. J’ai su qu’il ne tenait qu’à moi de demander l’aide dont j’avais besoin. Je passe la suite, hôpital, psy en visite médico-légale, clinique, démarrage d’une thérapie.

Je me suis pliée à tout ce qui me fut proposé pour remonter la pente. J’ai senti très vite qu’un nouveau moi allait naitre. Et la grande leçon tirée de tout cela est de ne jamais plus céder du terrain  à la mélancolie, réagir dès que le ciel s’assombrit. Il est plus facile de lutter contre son ennemi quand on l’a pleinement identifié. Deux ans et demi plus tard, je gère tant bien que mal mes gris à l’âme, mon ciel est parfois un ciel de traine,  si orages il y a, ils sont encore violents et de plus en plus fugaces.

Mais, voilà, tout mon entourage a vécu ce geste comme une terrible agression. Ils ont eu affreusement peur. Et si je n’ai de cesse de les rassurer, rien n’y fait, le doute persiste : recommencera t’elle ? J’ai beau jurer, promettre, rien n’y fait, l’incertitude les habite tous. Certains me fuient impuissants, d’autres me surveillent comme le lait sur le feu. Et ce soir, je me pose cette question, ce geste restera il gravé à jamais dans les mémoires de tous ? Sera-t-il un jour dépouillé de son coté faussement irrémédiable ? De cette peur de la récidive ? Depuis ce jour, tout a été parfaitement clair dans ma tête, la vie est trop forte, intense, merveilleuse pour la perdre. Je voudrais ce soir, encore vous rassurer et surtout m’excuser de ce que je vous aie fait subir. J’ai appris avec le temps à crier « au secours » plus efficacement et bien moins dangereusement.  Je tiens à ma vie plus qu’à la prunelle de mes yeux… Chaque jour, je découvre sa préciositè parfois dans la joie, parfois dans la tristesse:  je vois, j'entends, je respire, je sens, j'appréhende, je marche, je mange,  j'ai un toit, de quoi puis je me plaindre ?

 

 

 

 

 

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commentaires

P
la mort pour moi n\\\'est qu\\\'un passage pour une autre vie j\\\'ai comme toi parfois envie de partir quand la vie vous blesse quand vous perdez un être cher quand la déprime s\\\'intalle sans savoir  faire face .<br /> la volonté de vivre vient de l\\\'intérieur quelque part près du coeur si vous aimez les gens vous aimez la vie il y a tant de choses a donner et a partager ne l\\\'oublie pas on ne vie qu\\\'a travers les autres.
Répondre
I
je ne crois pas, pierre, j'ai vécu bien trop longtemps à travers des autres. j'apprends à me découvrir. je crois être de nature généreuse, donc je ne sais pas vivre sans les autres, donner: c'est si merveilleux et maintenant je reçois à nouveau après des années de désert et c'est délicieux également.<br /> je me rends compte plus le temps passe que mon gros souci dans la vie est de faire le deuil de "mes morts", ils hantent mes rêves, je nie purement et simplement leur mort. je ne sais pas comment faire mon deuil, tout le monde me dit, il faut ... oui, mais comment ?<br />  <br />  
C
je crois que ton article sur le suicide sera une aide précieuse à ceux ou celles qui vivent des moments aussi douloureux , et puis celà fait du bien d'en parler , et de te lire celà aussi rassure un peu <br /> Bisous 
Répondre
I
en fait, j'en ai parlé pour des raisons précise que j'explique dans mon dernier article. j'ai un rapport avec la mort qui est particulier, je ne l'intègre pas. que ce soit maman, papy et même loic, les mports qui j'ai cotoyé à l'hopital, ils sont tous dans ma mémoire vivants. faut il que je les "tue" une 2 ème fois ? je suis très désemparée par la mort.<br /> bisous à tous les 2.

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  • : une dépressive redécouvrant le monde semaine après semaine ...Une humaniste qui revit. écrire pour vivre, vivre pour écrire .
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  • une depressive idéaliste qui veut croire en l'humain, qui n'acceptera jamais la communication à travers la violence, la guerre. j'ai la chance de vivre dans un pays où je suis libre de dire , d'écrire, le faire est un droit mais surtout un devoir
  • une depressive idéaliste qui veut croire en l'humain, qui n'acceptera jamais la communication à travers la violence, la guerre. j'ai la chance de vivre dans un pays où je suis libre de dire , d'écrire, le faire est un droit mais surtout un devoir

 

 

 

 

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