Je suis de ces dépressives qui se fichent royalement de la méthode, d’une théorie freudienne, lacanienne ou autre, ce qui m’importe c’est d’avancer, me fondre dans un « moule à cerveau » ne m’y aidera nullement, à mon humble, très humble avis. Bon, il me faut étayer car je dois choquer : je revendique l’unicité de mes états d’âme, même s’ils entrent sans doute dans le cadre plus général d’un tableau clinique. Pour vulgariser ma pensée et la rendre plus fluide : connaitre la composition du « médicament » qui me soigne n’aidera pas ma guérison, mais le prendre régulièrement : oui. Le terme "médicament" s’appliquant en l’occurrence aux visites régulières chez le psy. Je constate que j’ai été bien peu présente sur mon blog cette semaine, peu d’articles, rien de vraiment impliquant. J’ai eu 3 entrevues psy en 3 jours, hasard du calendrier et le besoin de libérer mes mots, mes maux, mes pensées, mon ressenti. Et je me rends compte avec le recul de ce week-end que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Ces moments où je me livre à une oreille « neutre », non impliquée affectivement sont autant de validations de ce que j’éprouve, des faits qui emplissent ou ont empli ma vie, si l'oreille est neutre, les mots le sont rarement. Ecrire a également ces vertus thérapeutiques qui sont actuellement nécessaires à ma vie. Mettre des mots sur mes interrogations, sur mon passé, sur mes craintes, sur mon mal, mes maux me permet d’avancer, de me placer en recul par rapport aux évènements. Je crois être consciente de beaucoup de choses, ne pas être dupe de ma réalité, ce n’est pas pour autant que je ne lutte pas, ce n’est pas pour autant que je l’accepte, à chaud, dans le feu de l’action. Quand je suis sereine, comme ce soir, je me rends compte que j’ai encore et toujours cette âme de Don Quichotte allant au devant de tous les moulins à vent, avec hargne, passion; entière, authentique, ne me souciant d’aucune protection. Je suis passée d’une extrême à une autre, d’une armure de chevalier à la baigneuse nue. Peut être serait il temps de comprendre qu’il convient comme nos mamans nous le suggéraient (heu, pas la mienne d’ailleurs…) de mettre une petite laine sur mes états d’âme et de ne plus les donner en pâture sans retenue ni pudeur. Pas ici, bien sur, mais dans ma vie de tous les jours, est il bon je me livre à ceux que je croise? Me faut il réapprendre cette réserve affective qui était mienne, sans excès naturellement ? Bien peu de gens sont capables d’entendre et encore moins d’écouter quelqu’un qui sans l’afficher, trimbale sa déprime. Je fais peur, je gène, je dérange même. Parfois, j’ai l’impression d’être devenue pour certains une paria que l'on évite soigneusement, ne sachant pas trop quoi lui dire. Il est de bon ton de répondre « très bien » à « un comment vas-tu ? » parce qu’il est charitable d’ainsi rassurer l’autre. Cette question stupide et banale que l’on se pose sans cesse n’amène pas de réponse, quelle idée saugrenue que de répondre qu’on ne va pas bien ! C’est absolument et irrémédiablement politiquement incorrect dans nos codes sociaux. Et pourtant, va-t-on de mieux en mieux ? La majorité vit elle dans un bonheur absolu ? Permettez-moi d’en douter…… Mais voilà, dans une époque où l’on embauche après analyse graphologique, calcul du quotient émotionnel, où l’on vous débauche pour ce qui quelques années auparavant étaient vos meilleurs atouts, il est de bon aloi de cacher ses faiblesses allant d’ailleurs s'il le faut jusqu’à se les cacher à soi même et ainsi entrer "dans le moule" conformiste du bien "être" et du bien "penser". je m'y refuse aujourd'hui, mais bon vous le savez, je suis malade, dépressive !!!