Je sais que ce que je vais écrire va faire rire jaune tout mon entourage. Mais, je n’y peux rien. Je n’arrive pas à ne pas aimer cet homme. Je n’ai pas aimé tout ce qu’il a pu me dire, je n’ai pas aimé son comportement distant de ce week-end. Et comme si le destin s’acharnait, je viens de recevoir une contravention de 45 euros pour excès de vitesse dimanche, je ne sais pas si c’était lui ou moi au volant à cette heure là. Bref, je devrais en toute logique détester cet homme, cqfd. Mes pensées le concernant devraient être tranchées, sans doute. Seulement voilà, je ne sais pas balayer les gens de ma vie, pas ceux que j’aime, c’est bien là mon plus gros problème, d’ailleurs. Je n’arrive pas à chasser cette tendresse qui est née il y a 3 ans et demi et qui reste si vivante dans mon cœur. Je m’en veux d’avoir eu des mots si durs, parce qu’après tout si les siens m’ont blessée, les miens ne sont guère plus reluisants. Je suis partagée entre deux sensations inverses et qui apparaitront à tous comme étant un paradoxe stupide. Je l’aime, il est loin d’être sorti de mon cœur. Je n’ai aucun souci de fierté personnelle qui consisterait à me persuader du contraire parce qu’en fait je me fous de savoir si je « mérite » mieux, je n’ai pas choisi cet amour, il est arrivé sans que je m’en rende compte, comme une évidence. Je sais que tous mes proches ne comprennent pas comment j’ai pu faire preuve de tant de tolérance. Je ne le sais pas moi-même. Une chose me parait encore certaine, la complicité intense que j’ai partagée avec cet homme, je n’ai pas pu l’inventer, elle n’est pas une élucubration de mon cœur, de mes sens. Quant à ma perception de lui, je ne l’ai affinée que grâce à ce qu’il m’a montré de lui. Si j’ai conscience de nos laideurs, j’ai aussi accrochées à mon cœur, toutes nos beautés. Comment fait on pour oublier tout le bon et ne voir que le moche ? Dimanche soir, encore sous le coup de mots pénibles, je me croyais sincèrement libre, détachée de lui. Trois jours après, les souvenirs reviennent en mémoire et bien sur, ce ne sont pas les vilains mais tous ces merveilleux moments où nous avions l’illusion de n’être qu’un. Tout cela, nous l’avons vécu, cette complicité fut d’une intensité sans limite. Je sais, je sens que je ne retrouverai jamais une telle « communion », mélange sensuel, tendre, où nos regards se transcendaient l’espace d’un instant. Comment puis-je ne retenir que ces moments de bonheur simple, évident ? Connaissez vous cette merveilleuse impression que soudain le temps s’arrête, vous êtes seuls au monde ? Moi, oui, et je m’y suis senti si bien dans cet espace temps magique. J’ai connu quelques hommes, mais il est le seul pour qui, avec qui j’ai éprouvé cette évasion presque céleste. Beaucoup vont détester lire ces mots, mais voilà, je me suis promise d’écrire au moment où j’en ai envie et alors de traduire fidèlement mes pensées. Peu m’importe demain, là, maintenant, cet amour n’est pas mort en ce qui me concerne, en tous cas.